A la question archi-classique "where are you from?", notre réponse déclenche parfois des réactions qui le sont moins...
- "You’re from France! So you guys speak Spanish?!"
- "Hum. That’s in Belgium, right?"
- "Woaaaw so impressiiive, you must speak French very well, don’t you?"
Une autre fois...
Etudiant local: "Tu a fais quoi pour les vacances de mid-sem?"
Moi: "J'ai passé quelques jours au Laos"
Lui: "Oooh... Laos... Euh, Laos, c'est le Myanmar, pas vrai?"
Moi: "Euhhh... Non. Myanmar c'est la Birmanie. Mais le Laos n'est pas loin"
Lui: "Ah ah. Mais il y a des désordres politiques là-bas en ce moment!"
Moi: "Ba non, en fait ça c'est en Thailande"
Lui: (ton catégorique) "Quand même. Le Laos ça sonne super dangereux."
On fait connaissance...
"Tu es catholique? Tu ressembles vraiment à une catholique."
Prof de taekwondo: "Je ne vous entends pas crier assez fort! 15 pompes tout le monde!"
Un étudiant arrive en retard au tutorial.
- "Pardon du retard. Au fait, je suis désolé, je n’étais pas là au cours d'hier."
Prof: (très sérieux) "Pas de problème voyons ; merci de venir aujourd'hui!"
Je termine cet article comme ce même prof a conclu son dernier cours : par un retentissant "May the Force be with you!!!"
Le lendemain nous avons pris un bus local pour Vang Vien, étape très touristique sur la route de Luang Prabang, que nous avons longuement hésité à inclure dans notre timing. Laissez-moi un peu vous expliquer le concept. A part ses paysages de montagnes fort jolies au demeurant, Vang Vien est devenue au fil des ans un repère de backpackers en mal de dépravation, et en a perdu tout son charme. On est très loin du Laos authentique. C’est un village habité par plus de touristes que de locaux, essentiellement composé de bars qui diffusent non stop de vieux épisodes de "Friends", et des activités bien pesées pour plaire au p’tit blanc moyen : kayak, cave exploration, et surtout surtout... tubing. Sommet d’inutilité et de comique. Imaginez-vous avachi dans une grosse bouée de caoutchouc à vous laisser trainer par le courant indolent de la rivière, le long de laquelle d’innombrables bars proposent toutes sortes d’activités dont la moindre n’est pas de se bourrer allègrement la gueule. Franchement, très peu pour Claire et moi ! Parce que 1) c'est dur de rentrer dans le trip à deux ; 2) le profond ridicule de ce concept n’avait l’air de ne frapper que nous; mais impossible de ne pas s’imaginer les locaux hilares à la pensée burlesque que le seul moyen d’occuper les toutous, c’est après tout de les fourrer dans des bouées confortable et de les nourrir à l’alcool... Cette image est étrangement bloquante ; 3) la bière, on n’est de toute façon pas fan.
Cependant, j’avais lu que c’est quand même sympa, et la plupart des Australiens qu’on a rencontrés adorent cet endroit (pour cause !). Nous avons donc opté pour un bon compromis : y passer une après-midi avant de prendre le bus de nuit pour Luang Prabang. Histoire d’en avoir le cœur net et de nous faire notre propre point de vue, malgré l’a priori avec lequel nous partions.
Bon, au final, c’est clair que Vang Vien est sans âme. Un repère de touristes dont certains sont assez pitoyables de passer leur journée affalés devant des vieux blockbusters hollywoodien, et où on voit plus de restaurants à pizza et hamburger que de gastronomie locale. Il n’empêche qu’après un déjeuner dans le seul resto Lao conseillé par le guide, nous nous sommes lancées dans l’opération "tubing -test n°1" comme les courageuses aventurières que nous étions. Avec la ferme intention de profiter à fond de l’après-midi dans tous les cas et de goûter la Beerlao, LA marque nationale.
Au début on a beaucoup rit de ce qu'on voyait. On ne savait pas exactement à quoi s’attendre, mais les groupes à moitié bourrés et les mecs qui se jetaient à l’eau au bout de trapèzes de 10m de haut n’étaient pas moins risibles que la position toute en élégance que certains avaient au fond de leur bouée, seau en plastique plein de mojito à la main. Pour les amener aux bars, des serveurs leur lancent des cordes lestées de bouteilles (qui ont parfois la fâcheuse tendance de tomber sur la tête des potentiels clients) et remorquent le gros pépère qui n'a ainsi pas à bouger de sa bouée. Et pourtant !! On a finit par VRAIMENT apprécier. En groupe ça doit être un truc génial à faire. Les bars proposent toutes sortes d’activités, outre les sortes de tyroliennes desquelles on se jette à l’eau : volleyball, toboggans, jeux... L’eau est bonne et rafraîchissante, et on perd vite toute notion du temps à déambuler dans le courant au rythme de la musique et des rires. D’ailleurs... on perd un peu TROP la notion du temps ! Lorsque Claire et moi nous sommes aperçues qu’il était 17h30, que nous étions sensées rendre notre matériel à 18h sous peine de perdre la caution, et qu’il nous restait une bonne heure avant de terminer le parcours, nous avons dû à regret prendre un tuk-tuk. Les aléas du sort ! Cette après-midi à barboter dans une eau fraîche, à siroter de la Beerlao (une bonde ma foi fort appréciable je dois dire, surtout quand on a soif !), à rire et écouter de la musique sympa fut tout à fait plaisante et fort bienvenue ! Bref, si nous n’avons en effet pas aimé Luang Prabang en soi, le tubing et les activités fort peu culturelles qu’on peut y faire valent tout de même le détour ! C’était parfait avant le bus de nuit qui nous a amenées à 3h du mat’ à la station de Luang Prabang, où nous avons fini la nuit sur des sièges plastique en plein air.
Au matin, nous nous sommes mises en route à pieds vers la ville, à une demi-douzaine de kilomètres de là. En chemin, nous avons décidé de prendre une guesthouse excentrée, plus au calme, plus proche de la station de bus, moins chère, et ayant l’avantage non négligeable de nous délester de nos backpacks pour continuer à marcher jusqu’à la ville que nous avions la journée pour visiter. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvées dans un havre de paix uniquement fréquenté par des locaux (peut-être même tous de la même famille), au sommet d’une petite colline qui nous permettait de surplomber la route tout en bénéficiant du cadre vert des arbres éclairés aux guirlandes dès la nuit tombée. Seul inconvénient : la douche ne fonctionnait pas, nous avons donc dû nous contenter de nous laver à la bassine pour les deux nuits que nous y avons passées... et quand il s’agit des cheveux ce n’est pas forcément marrant !
Comme prévu, et après un petit-déjeuner où je dois confesser que nous avons dégusté la meilleure baguette que nous ayons eu l’occasion de goûter ces 10 derniers mois (un pain délicieusement craquant, à la mie parfaite, tout juste sorti du four... Divin !), nous avons grimpé les marches de Phousi Hill pour commencer par un panorama des environs, et ensuite nous nous sommes tournées vers le centre-ville pour mettre au point notre programme des jours suivants. Entre-temps, nous avons rencontré un tuk-tuk qui partait 10 minutes plus tard pour les chutes d’eau à 30km de la ville, une des attractions touristiques à ne pas manquer. Nous avons donc saisi cette occasion de le partager avec un couple d’Allemands et nous avons passé là-bas quelques heures de rando et de baignade méritée dans les eaux fraîches et bleu lagon des waterfalls. Les balades en tuk-tuk, en cette période de l’année, c’est folklo. Le Nouvel An Lao est du 12 au 14 avril. A cette occasion les gens se balancent gaiement de grands seaux d’eau à la figure. A Luang Prabang, la tradition est de laver tous ensemble les statues du Bouddha dans les rues, et cela dégénère systématiquement en bataille d’eau générale. Même si nous avons loupé de peu cet évènement, nous avons vu l’ambiance des jours qui le précèdent... Impossible de se promener tranquillement sans être régulièrement trempés, et les touristes tout autant que les locaux !! Les enfants anticipent bien la chose, et les seaux d’eau pleuvent sur les tuk-tuk et autres vélos, tandis que les pistolets à eau peaufinent le travail de précision ! Des camions pleins d’écoliers sillonnent les rues dans le but précis d’arroser et se faire arroser. Adorables, ces gosses... mais c’est tellement rigolo !
Au retour, il nous restait juste assez de temps pour visiter Wat Xieng Thong, le temple le plus recommandé de la ville, avant la fermeture. En passant, nous avons booké le programme des deux jours suivants : trekking et une nuit en homestay telle que nous voulions absolument en faire avant de quitter l’Asie.
Donc, après une nuit de sommeil réparateur, un vieux van est venu nous chercher sur notre colline. Nous avons rejoint un Allemand et un couple de Français. On croise pas mal de nos compatriotes, surtout au Vietnam et au Laos, et d’ailleurs l’influence française s’y retrouve régulièrement : pain et vache-qui-rit sont des denrées populaires, il y a pas mal de restaurants français, les rues et bâtiments aux noms français (il y a une rue Charles de Gaulles à Ho Chi Minh City !) sont monnaie courante... Au Laos, tous les panneaux et les bâtiments administratifs ont leur nom écrit dans la langue de Molière, et à la poste de Luang Prabang de vieilles affiches de pub pour "La Poste" couvrent les murs.
Le programme que Claire et moi avions négocié commençait grandiosement par... une balade à dos d’éléphant !! Après tout le Laos ne se surnomme pas le "one-million elephants country" pour rien, et manquer cela aurait été fort dommage !
On monte sur le banc en bois qui attelle le mignon pachyderme au moyen d’une cabane en bois surélevée à son niveau. On lui écrase coupablement la tête pour pouvoir s’installer aussi gracieusement que possible sur son séant. Et c’est parti pour une bonne heure de ballotage et de fous rires dans les bois environnants ! Une expérience aussi monumentale que l’arrière-train de notre véhicule !!!
Après un aller-retour en pirogue pour jeter un œil sur des grottes bouddhistes pleines de statues, les choses sérieuses ont commencé : l’Allemand, Claire et moi sommes partis pour le trek de 2 jours au milieu de la superbe campagne cambodgienne, dans l’odeur de la fumée des champs que les fermiers brûlent pour les fertiliser pour la prochaine récolte de riz. Cette fumée baigne le pays tout entier, à cette période de l’année. Elle pâlit la lumière et donne une teinte hivernale qui ajoute à la douceur des panoramas. Le soleil est particulier, lui aussi. Vers le milieu de l’après-midi, il prend une teinte rouge typique du Mekong, et se couche tout calmement comme cela, assez tôt, sans faire plus de fioritures que nécessaire. Quant aux champs, c’est toujours impressionnant d’évoluer au milieu de ces étendues noires, cramées comme après un gigantesque feu de forêt. Ça a un charme certain, d’autant plus que ça alternait avec de vastes étendues de verdure, des petits villages et des bouts de chemin à travers la forêt. Marcher dans un tel cadre était un vrai bonheur pour les sens !
Notre guide, un Kmu, parlait fort bien anglais. Ce n’est pas toujours le cas. Tiens, une fois un local à qui nous avions demandé de nous prendre en photo s’est exclamé avec fierté "one...two...four !". Campari, comme nous l’avions surnommé (son vrai nom est quelque chose comme Tempari, mais utiliser une référence connue facilitait la chose), s’était marié l’année précédente, et sa femme venait de mettre au monde son premier fils 9 jours plus tôt. Ce jour-là, il n’était pas au village et n’avait pas pu arriver à temps pour l’amener à l’hôpital. Fort heureusement, il y a dans son village une nurse qui est apparemment vachement forte pour les naissances. Ce n’est pas toujours le cas, au Laos.
Nous sommes arrivés vers 16h au village de la tribu Kmu où nous allions rester pour la nuit. La maison dans laquelle nous sommes restés était un peu plus opulente que ses voisines, bien que tout le village soit immanquablement construit de bambou, de bois et de palme. Pas d’électricité ni d’eau courante ici ; mais miracle! il y avait du réseau.
Nous sommes allées nous laver dans le ruisseau en contrebas, déjà occupé par une bonne douzaine de femmes et d’enfants en sarong. Notre arrivée a fait sensation. Nous avions pris le parti d’attendre que le flux de villageois se tarisse un peu pour squatter sans vergogne ces précieuses gouttes d’eau, quand une petite fille a eu la gentillesse de nous remplir un seau d’eau et de le poser discrètement pas loin de nous. En la khob jaïant ("khob jai" veut dire "merci" en Lao), nous avons pu utiliser la bassine pour nous rincer sommairement de la crasse de la rando, et laver nos débardeurs. Chose qui a profondément intrigué les enfants : ils se sont rapprochés de nous et nous ont observé nous échiner sur nos vêtements. Nous prenant en pitié au bout d’un moment, une fillette a pris le savon des mains de Claire et lui a montré la technique : appliquer le savon puis effacer les tâches en frottant énergiquement le vêtement. Bonjour la leçon !
Une fois de retour, nous nous sommes installées sur un banc avec nos magasines ("Le Point" et "Courrier International"), attirant bien vite un cercle d’admirateurs fascinés par les images sur les pages que nous tournions. Un garçon nous a fait la démonstration de ses talents en origami, nous offrant un cygne en papier qui se trouve actuellement en bonne place sur ma table de nuit. Une dizaine de petits ont chanté des airs en Kmu rythmés par leurs claquements de mains. C’était trop mignon ! A leur plus grand bonheur, nous leur avons offert ce qui nous restait de pain et l’Allemand leur a donné des bonbons.
Après le diner (sticky rice et légumes cuisinés par notre cordon bleu de guide), la nuit s’est poursuivie avec une bonne partie du village à la lueur de la bougie. Campari s’est avéré excellent guitariste et chanteur, et nous avons bu du whisky de jarre fabrication artisanale avec les villageois. Une jarre contient 7L d’alcool (fort, est-il besoin de le préciser) ; on l’obtient en ajoutant de l’eau potable dans les sortes de fibres de riz fermentées ocres qui la remplissent, puis en y plantant de longues tiges sur lesquelles on fixe un tuyau en plastique souple qui fait office de paille et que l’on laisse tourner dans une ambiance communautaire et détendue. La qualité de la première jarre ne satisfaisant pas Campari, il en a demandé une autre, puis nous a laissés en bonne compagnie pour aller se bourrer la gueule avec le chef du village. Il faut voir la tête qu’il avait au matin !
Lorsque cette soirée délicieuse est arrivée à sa fin, nous avons rejoint la mezzanine sur laquelle étaient disposés nos matelas et nos moustiquaires. Réveil à 6h du mat’ par le soleil, les cocoricos des coqs et le vacarme des animaux du village (cochons, poulets, chiens...) dans la douce odeur des feux que les villageois allumaient.
A regret, nous avons quitté ce havre pour reprendre la route. Nous avions demandé à Campari de nous faire passer par le chemin le plus long possible (6h de trek), ce que nous n’avons pas regretté. Après un passage par le village Hmong voisin, et l’école entre les deux où les enfants des deux tribus repassent leurs leçons ensemble, nous avons retrouvé un chasseur qui a fait un bout de chemin avec nous. C’est illégal de posséder une arme, pourtant nous avons croisé plusieurs chasseurs avec machette, chien et fusil longiligne. C’est l’armurier des Hmong qui le fabrique artisanalement ; nous l’avons vu à l’ouvrage. C’était mieux qu’au Puy du Fou, vous dirait Claire !
La journée de marche fut à nouveau très agréable malgré la chaleur, au milieu des travaux des champs, des villages et quelques passages de forêt dense. Nous nous sommes baignés avec plénitude dans des chutes d’eau. Ces deux jours au cœur de la ruralité du Laos furent absolument captivants et émerveillants !!!
Le dernier jour à Luang Prabang, avant le bus de nuit qui devait nous amener à Vientiane, s’est passé à visiter le musée du Palais Royal qui était fermé lors de notre précédente venue, faire du shopping et manger un succulent Lao barbecue : sur un foyer de braises au milieu de la table, on place une sorte de passoire en métal renversée au sommet de laquelle un morceau de lard graisse les parois sur lesquelles on dépose de fines tranches de viande. Il y a une rigole à la base de cet édifice ; on y verse de la soupe, des nouilles de riz, beaucoup de salade, des champignons, un œuf, des tomates, des herbes aromatiques... Et l’on déguste le tout avec délice !
Quant à notre dernière matinée à Vientiane après une bonne nuit en bus, nous l’avons passée... au Centre Culturel français ! Nous avons refait le plein de nouvelles du pays avec les revues et les journaux qui s’y trouvent. Enfin, surtout Claire. Moi j’ai plutôt compensé avec joie mon manque de BD !!
La suite, vous la connaissez, c’est une histoire banale (comme dirait Francis Cabrel) : tuk-tuk jusqu’à l’aéroport, et vol sans encombre... back to Malaysia.
Le Laos, c’était a priori mon dernier voyage hors de Malaisie cette année (si on ne compte pas le passage par Brunei lorsque nous irons à Bornéo). Et je dois dire que je suis ravie d’avoir fini par cette expérience riche et authentique qui parachève magnifiquement bien ma découverte de l’Asie du Sud-est !! Sauf que, bien sûr, ce n’est pas fini... dans les deux mois qui restent, j’aurai encore beaucoup à dire, croyez-moi !
]]>Sur le bateau nous avons fait la connaissance d’un couple français avec qui nous avons décidé de partager la chambre à Phnom Penh : Thomas et Anaïs sont étudiants en médecine et font le tour du monde ensemble. Ils doivent être quelque part du coté du Népal à l’heure qu’il est. Ça fait rêver n’est-ce pas ?! Ils racontent des anecdotes incroyables à propos de tempêtes de neiges dans le désert mongolien et de thés au beurre remplis de lard de mouton pour le petit-déjeuner... Partager des hot dog douteux et discuter durant les soirées phnom-penhiennes avec eux furent un vrai plaisir !
A Phnom Penh, il a fait un temps dégueu le premier jour. La seule option dans ces cas-là ? Reporter la visite de la ville… et aller se faire masser ! Il y a des établissements de massages tenus par des aveugles qui valent le détour. Leur handicap ne les rend pas moins professionnels que des voyants, au contraire (photo).
Un soir, en manque de films, nous avons décidé d'aller jeter un coup d'oeil au Centre Culturel Français de Phnom Penh, qui passe de temps en temps du cinéma d'art et d'essai. Nous nous sommes retrouvées introduites à une conférence qui avait déjà commencé, à propos des conséquences de la Conférence de Copenhague sur l'environnement. Un trésor pour deux sciences-pistes en manque ! Nous n'avons pas eu de film, mais somme toute une analyse passionnante de l'actualité sous la perspective cambodgienne par trois experts francophones. Mais que demande le peuple ?!
Nous avons aussi visité l’ancienne Prison S-21 du régime de Pol Pot, à présent musée consacré aux atrocités commises par les Khmers rouges. Si vous avez déjà visité un camp de concentration, vous avez une idée de l’effet que ça fait. D’autant plus que c’est de l’histoire toute récente, et que l’on voit clairement les séquelles dans la population. A commencer par les mutilés des mines anti-personnelles que l’on croise partout.
Ceci dit, le peuple cambodgien est extraordinaire de vie, de bonne humeur, et de sens de l’accueil. C’est dans ce pays que j’ai rencontré la plus grande chaleur humaine, et en Asie du Sud-est-ce n’est pas peu dire. Par contraste, les vietnamiens (du Nord) sont plus fiers et moins accueillants envers les étrangers. A vrai dire au Nord ils sont franchement désagréables. Ils traitent les touristes avec mépris, tournent un dos froid lorsque vous essayez de négocier et que ça ne leur plait pas, n’ont jamais un mot poli... A tel point qu’une fois, prenant le parti d’en rire, je me suis retournée vers la commerçante qui venait de me congédier avec dédain et lui ai crié un retentissant "I love you" en lui envoyant un baiser du bout des doigts... C'est parvenu à lui arracher un sourire, youpi !!
Cela n’ôte évidemment rien à l’appréciation que l’on a pour ce pays unique et fier de l’être. Notons cependant qu’au Sud du Vietnam et au Cambodge, ça ne fonctionne pas ainsi. Les Khmers sont un peuple particulièrement joyeux, souriant et qui vous montrent avec bonne humeur le plaisir que leur procure notre intérêt pour leur pays. Est-ce dû aux atrocités qu’ils ont vécues qu’ils sont à présent si pacifiques et harmonieux ? Je crois que le passage par une période aussi dure et injuste que le fut le régime de Pol Pot est pour quelque chose dans la furieuse ardeur de vivre et d’en profiter qui anime ce peuple.
De Phnom Penh, nous avons pris un bus pour atteindre Siem Reap, 100% pure ville à touristes, pour la simple raison qu’elle est la porte d’entrée pour Angkor Wat. C’est un endroit animé qui a tout pour satisfaire des attentes occidentales (des établissements de massage aux boutiques de souvenirs en passant par de la gastronomie internationale), évidemment à des prix spécialement adaptés à notre pouvoir d’achat.
Le trajet en bus pour y aller est à couper le souffle d’un bout à l’autre. Les paysages cambodgiens comme les gens que l’on croise sont époustouflants. Sur la route ocre, on double à grands coups de klaxons des attelages de bœufs rachitiques et des enfants sur des vélos trois fois trop grands pour eux, des motos chargées de caisses ou de poulets, des chevaux tirant des charrettes pleines de foin... De part et d’autres du sentier ensoleillé, des champs à perte de vue alternent avec des bicoques de palme et de bambou où des céréales sèchent sur des nattes au soleil, des étals de fruits que l’on vend à la sauvette aux conducteurs, des ponts en arc-de-cercle, des pâturages que se partagent tant bien que mal des bêtes de bétail qui pourraient faire l’objet d’un cours d’anatomie sans besoin de dissection tant leur carcasse est apparente... On ne sait plus où donner de la tête, on pense à l’Afrique, on pense à la vie dans ces communautés que l’on croise éphémèrement, on pense à tout l’amour qu’il y a là, dans les sourires de ces gens qui nous saluent de la main.
Trois jours durant, nous avons parcouru Angkor à vélo. A raison d’une moyenne de 50km par jour, nous avons pédalé avec acharnement et émerveillement sous le soleil khmer qui nous a laissé des traces de short et de chaussettes qu’on est plus habituées à voir sur nos hommes en août que sur notre propre corps ! Jamais on n’aura été aussi crades en rentrant à la guesthouse, sauf peut-être lors de la mémorable journée vélo à Ayutthaya (en Thaïlande). Cramées par le soleil, épuisées, gavées de jus de noix de coco fraîches et de ces délicieuses mini-bananes que les Khmers vendent sur le coté de la route, buvant 3 litres d’eau par jour chacune, nous avons passé trois journées d’exploration sauvage absolument enchanteurs et inoubliables !!! Outre la splendeur des Temples d’Angkor et le respect que l’on ressent à visiter ces vestiges impressionnants sur lesquels la nature reprend impitoyablement le pas, Claire et moi avons particulièrement adoré ces 3 journées parce qu’elles nous ont permis d’aller et venir librement au cœur de la campagne khmère. Avec le plaisir de véloter sous le soleil du Cambodge dans des paysages et des couleurs sublimes, venait celui que nous procuraient les "hello !" enthousiastes et les grands signes de la main des locaux que nous croisions. Partout où nous sommes allées, même pommées au fin fond d’un sentier qui ne menait nulle part, jamais nous ne nous sommes senties un tant soit peu en danger au milieu de cette population chaleureuse. Les gens nous réservaient le meilleur accueil et leur répondre de gais "hello" était un plaisir dont nous ne nous lassions pas, même assommées de chaleur et de fatigue musculaire. En somme ce périple a conclu magnifiquement un voyage grandiose au cœur de l’Asie telle que nous l’avions imaginée, rêvée, fantasmée, voulue.
J’ai trouvé au Vietnam et au Cambodge, ces deux pays voisins, différents et complémentaires, tout ce que je cherchais en venant en Asie du Sud-est. Ils présentent ces aspects extraordinaires qui font mon amour pour cette région du monde... en 1000 fois plus exacerbés et concentrés qu’ailleurs ! Ce voyage, c’était l’adéquation parfaite avec mon idéal d’authenticité et de découverte. C’était ce que je rêvais de voir, en mieux encore. C’est l’Asie pure.
Ainsi, pour Claire et moi, ce fut le voyage le plus merveilleux que nous ayons fait jusqu’à maintenant. Et vous pouvez me croire... ce n’est pas peu dire !!!
Le 3 avril, nous partons une semaine au Laos. Nous avons entendu dire que c’est le plus beau pays de la zone, et souvent il trône en première place dans le palmarès de ceux qui l’ont visité. Nous verrons bien s’il arrive à concurrencer l’éblouissement et l’enthousiasme pérenne que nous avons ressentis au Vietnam et au Cambodge !